Traité de haute mer: l’ambassadeur Olivier Poivre d’Arvor alerte contre "une forme de paresse"

LE climat n’est pas au beau fixe. Ni pour la protection des océans en général, ni pour le Traité international BBNJ, qui vise à la protection de la haute mer et de la biodiversité marine.
Envoyé spécial de la France à la conférence de l’Océan des Nations-Unies, l’ambassadeur Olivier Poivre d’Arvor a souhaité "lancer une l’alerte, parce que les États se font prier. Les parlements nationaux trouvent de bonnes raisons pour ne pas ratifier à temps ce traité BBNJ". Plus directement, il fustige "une forme de paresse", un manque de prise de conscience, alors que 115 États ont signé le texte en 2023. "Sans ratification, aucune gouvernance de l’Océan n’est possible".
Le compte à rebours est clairement lancé avec une fenêtre de tir au sommet de l’Océan (UNOC 3), cible de toutes les tractations françaises. Mais on est loin du but.
Seuls 21 pays ont ratifié le texte, ou sont sur le point de le faire, alors que la signature d’un nombre minimal de 60 États est nécessaire à son entrée en vigueur. "Nous insistons beaucoup sur le fait que 21 ratifications, c’est trop peu", poursuit Olivier Poivre d’Arvor, qui regrette que certains "laissent un traité historique dans un tiroir".
Pollution, pêche illégale… dans 60% de l’océan mondialTout le temps de l’UNOC, "un bureau permettra aux États de déposer leurs instruments de ratification, nous pourrons donc les comptabiliser en direct". À défaut d’aboutir à Nice, la France pourrait demander aux Nations-Unies "une mission spéciale pour [continuer de chercher à] obtenir l’ensemble des 60 ratifications, avant la fin de l’année 2025".
Sur le fond, le Traité concerne la haute mer, donc 60% de la surface des océans. Dans les eaux internationales, la pression des activités humaines s’amplifie: pollution, pêche dont "une grande partie la pêche illégale et de la surpêche", mais aussi exploitation des fonds marins.
Soudain moins diplomatique, l’ambassadeur pointe que "les États-Unis eux, sont assez actifs puisque, sur les eaux internationales, ils ont un point de vue qui consiste à se lancer dans un cadre tout à fait illégal, pour l’exploitation des grands fonds marins". La France plaide en faveur d’un moratoire sur le sujet, de même qu’elle a signé et ratifié le Traité sur la haute mer.
Sa mise en œuvre marquerait "l’acte fondateur d’un multilatéralisme océanique crédible". Et sinon, "le signe d’un grand échec de la diplomatie bleue".
Nice Matin